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Ruisseau de vie
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18 juillet 2010

Dimanche bleu

ibiscus

J’ai le blues comme le bleu du ciel…

Tout est clair dans l’air quand je regarde par l’immense baie vitrée du salon, pourtant, j’ai les larmes au bord de tout.

 

C’est une nouvelle existence qui prend forme puisque j’ai changé de « maison ». Y’a plein de pièces, de lumière partout. Chacun peut avoir sa place, la trouver, la faire.

Moi, je me perds. Je cherche mes repères et je ne les voie pas.

 

Mes souvenirs me ramènent inlassablement vers hier. Je repense à l’arrivée dans la maison avec mes enfants petits et mon ex mari. Je me rappelle du petit appartement que j’ai trouvé pour vivre enfin libre, sans ce conjoint devenu incompatible. Puis l’emménagement de mon Chéri au milieu du petit univers que nous nous étions construit avec Tom et Camille. Ensuite, il y a eu les mois d’hiver qui nous a apporté son lot de difficultés. Au printemps, cela a été une telle ouverture de chercher cet appartement.

 

Malgré tout ce bon, je n’ai cessé de dégringolé depuis le mois de mai.

Il y a d’abord eu Evidence qui s’est retrouvée pleine. Heureusement, on savait qu’elle mettrait bas dans un endroit tellement plus approprié. Mais tout cela, m’a déstabilisé.

 

Puis, j’ai décidé pour l’anniversaire de ma Maman de lui envoyer un énooorme bouquet de fleurs. C’était une main tendue puisque nous ne nous étions plus reparlé depuis au moins mai 2009. C’était vraiment bizarre d’aller chez le fleuriste et d’expliquer ce que je voulais… 80 fleurs blanches pour 80 années de ma mère à qui je ne parlais plus… Absurdité, souffrance et torture. Pour conjurer le sort, la veille, au cours d’une discussion avec deux personnes très chères à mon cœur, je leur avouais que je n’espérais rien de ce geste voire que j’attendais presque un retour de flamme. Et oui, car depuis des années, j’ai pris ce que me donnait cette famille, et toujours malgré moi. Sortes de cadeaux empoisonnés, soit disant pour mon bien. Mais à quel moment cette famille s’est-elle souciée réellement de mes vrais besoins, de mes vraies envies, de ce que je suis devenue, ce que je suis tout simplement ?

J’ai tant de fois tendu la main pour garder le lien, pour être une bonne petite fille, pour garder cet amour si important pour tout enfant.

Alors cette année de silence a été nécessaire aussi pour que j’accepte la réalité. Cela m’a permis aussi d’avoir un tout autre regard, une prise de distance bien réelle.

 

Evidemment, le jour même de son anniversaire, ma mère m’a appelé ; et nous avons mêlé nos larmes un court instant. Alors que je savourais de l’entendre, sa première question a été : « dois-je comprendre que c’est une tentative de réconciliation ? » Non, maman, t’ai-je répondu, c’est une main tendue en toute simplicité. Ensuite nous avons parlé de nos chats et de ma nouvelle vie. Mon père a ensuite pris le téléphone, avec une voix sourde, très fermée. Il m’a dit être au courant de pas mal de choses, puisqu’il lit ce blog. Grand bien lui fasse, qu’il sache si bien qui je suis pour décrypter dans mes mots tout ce qu’il a envie. « je lis ton blog et j’ai vu que tu écrivais des choses du lointain passé »… Oui, c’est cela, mon lointain passé, mais surtout MON passé et certainement, qu’il doit être bien étonnant de lire les sentiments de son enfant quand on a toujours été dans le non-dit ! Et puis, comme toujours, ma mère a eu un trait d’humour quand nous avons évoqué la rencontre explosive à l’Aigle l’année dernière en allant récupérer ma voiture : « ouahaaa ! quelle première impression ! »

C’est ainsi, on ne se refait pas et il vaut mieux sans doute paraître tel que l’on est dès le départ.

Mais ça, c’est permis aux autres. Quand on est soi et que l’on a grandi dans cet univers, comme le voir d’en dehors… En partant, loin, très loin, et même plus loin que le plus loin de tout.

 

Et puis les semaines ont passé. Les cartons se sont remplis et nous avons pris possession de notre nouvel espace. Et j’ai continué à ramer. Parce que j’ai commencé à me regarder autrement. A voir ce grand vide qui est en moi.

C’est étrange, comme un parallèle avec la vie de l’homme qui est à mes côtés, j’ai l’étrange impression d’avoir été privée de mère dès mon plus jeune âge, car pauvre maman ayant été phagocyté par mon père.

 

C’est en vivant l’inscription de Camille au lycée que j’ai soudain ressenti un énorme chagrin pour ma mère. Car évidemment, le père de ma fille a témoigné de sa grande débilité comme toujours en essayant de m’évincer (une histoire de nom du responsable légal sur la fiche d’inscription de Camille). Le père en toute puissance qui se prend pour une mère puisqu’il me déteste tant qu’il me voudrait disparue.

Drôle de parallèle que je fais là. Et pourtant… Je vis au quotidien la séparation d’avec mes enfants et je sais comme il est dur de les rassurer malgré moi. Durant toute une année, je me suis interrogée sur ce qui empêchait ma mère de reprendre contact avec moi… Car moi, il m’arrive un jour une situation identique, je fais tout pour garder le contact et personne ne pourrait s’y interposer. Alors deux réponses : ma mère ne m’aime pas ou ma mère n’a pas pu me faire un signe. Je n’imagine pas un instant la première solution. C’est donc la deuxième.

 

Et d’ailleurs, c’est le dimanche précédant mon anniversaire que j’ai eu encore plus de lumière sur cela. J’ai appelé ma mère pour la remercier du superbe ibiscus qu’elle m’avait envoyé. Nous avons parlé pendant près d’une heure et à cœur ouvert. J’ai répondu à toutes ses questions, en toute quiétude, sans l’ombre d’un doute… Et mon père n’était pas là…

 

Je commence à entrevoir le travail que je dois faire sur moi pour arriver à la guérison. Ce blues que j’ai, il est comme un deuil. Il est vraiment dur de devoir abandonner l’estime que l’on a pour son père. Ou plutôt de se rendre compte que l’on en avait une fausse estime. Y’a un vide immense à la place du combat perpétuel que j’ai mené jusqu’à aujourd’hui. Je l’évalue froidement et je le regarde tel qu’il est.

les_quatresLundi soir, notre minette a fait ses petits. C’était magique. Sans doute cela a-t-il réactivé bien des souvenirs enfouis en moi… D’autant que, incroyable, les châtons sont nés le 12 juillet 2010, dix ans jour pour jour après Tom. Tom, très justement, m’a dit lorsque je lui ai annoncé le soir même la bonne nouvelle : c’est symbolique. Tu ne savais pas si bien dire, mon amour d’enfant.

Le plus sordide, et la mauvaise coïncidence, c’est que mon père a eu l’idée, saute et grenue, de m’appeler à ce moment. J’avais encore sur les mains le liquide des chatons, car nous avons eu juste le temps de sortir la mère et ses rejetons de dessous le lit pour la mettre dans un « berceau » mieux approprié. Et oui, on n’avait pas vu le truc venir, d’autant que trois jours avant le véto nous avait annoncé la date de la mise bas pour le 22 – 24 juillet ! Donc, on était tout affairé à cette arrivée de bébés. Moi, un peu la peur au bide, instinct maternel au taquet : tant pour ma minette que pour ses petits chatons. Encore du sacré laché prise, d’ailleurs : faire confiance à la nature. Et d’ailleurs, à ce jour, notre bébé-choupette s’en sort superbement bien. Sacrée maman qui protège ses petits de tout (y compris des deux autres matous qui se demandent bien ce que sont ses petits cris qui viennent du coin de notre chambre !!!)…

Bref, le paternel téléphone. Je suis alors toute en joie de lui annoncer l’heureux évènement. Emportée par mon enthousiasme, je lui parle tout de suite de tout… Et puis j’ai un temps d’arrêt. « Qu’est-ce qui se passe, il est arrivé quelque chose ? » A la voix de mon père, j’ai tout de suite pensé qu’il y avait un malheur. Et ben pas du tout ! Le type me téléphonait uniquement par rapport à l’histoire de la fameuse caution solidaire que nous avons sur l’ancien appartement. Du grand délire ! Et bien, figurez-vous, que le mec a pas percuté un seul instant sur ma réalité. J’ai eu beau lui dire, rappelle moi ce soir, ou fais moi un mail. Non, il fallait que je lui donne des réponses sur le champ et qu’une fois de plus, je me justifie pour faire taire ses angoisses. C’était d’une gougeâterie sans nom. Et toujours avec une telle violence… D’autant que le lendemain, c’est ma mère qui est revenue à la charge pour protéger son pauvre petit mari de cette méchante fille que je suis.

 

J’ai alors constaté qu’ils n’étaient vraiment pas en mesure de comprendre quoi que ce soit. Alors raouste ! C’est cela :

LA PAIX

!

On a des droits et des devoirs en tant que parents comme enfants.

J’ai fait mon devoir de fille, j’ai le droit maintenant d’être tranquille.

 

Je prends de tout cela beaucoup d’enseignements. Cela va sans doute me permettre à moi d’avancer vers ma vérité et aussi d’accompagner Camille. Un jour, peut-être, parlerons nous toutes les deux de mes choix de vie. Je pourrai alors lui transmettre, s’il est besoin, que je fais mon boulot de mère et que je n’attends pas que son père prenne mon quota de travail. Je l’assume pleinement, avec mon savoir faire et savoir être. Cela permet aussi au père d’être lui-même et pas plus ni moins.

 

 

 

Je me sens plus légère d’avoir écrit tout cela. J’avais une certaine appréhension avant de le faire car je me posais encore des questions du style « que va dire encore ce père qui lit mon blog, que va-t-il interprêter ? » et bien ce qu’il veut ! Ce n’est pas mon problème. J’en ai bien d’autres à régler, et en premier, celui d’être bien avec moi.

 

 

Le ciel est vraiment bleu aujourd’hui, et voilà ce que je vois de la fenêtre de mon nouvel appartement où sont aglutinés Eliot et Diégo, histoire de copier le tas de tout petits qui est à l’autre bout de l’appart !!!

ECOLE       HEL_ET_DOUGS

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