Et si...
Coulent les heures aux questions sans réponse.
Est-ce un point d’orgue à cette ancienne histoire ?
Suis-je parcourant une coda trop élaborée ?
Après l’orage, il est doux d’observer les silences sur ma
portée. Ils s’écoutent en demi-pause ou en virgule et laissent à mes pensées la
sagesse d’abandonner la rancœur.
Alors je compose tous ces mots, pour dire et redire, parler et raconter.
Si son regard vient s’égarer ici, il doit savoir maintenant que je suis presque en paix.
Je ne suis plus amoureuse de lui.
Au cours de toutes ces années, je suis allée au bout de mon amour pour lui, m’imposant presque de garder en tête un idéal : ce beau jeune homme plein de forces en apparence qui s'est étiolé au fur et à mesure de notre avancée dans une vie commune, banale et de moins en moins partagée... Il m'a trahi très vite, sans se permettre de m'accompagner, sans me protéger de lui ou de moi, sans venir me rejoindre dans un espace d’évolution, sans vouloir se guérir de ses propres démons.
Je suis arrivée à la triste conclusion qu'aimer une personne qui se hait, c'est se détruire soi-même.
J'ai tout accepté de lui. Parce que j’ai toujours su que ses sentiments à mon égard étaient forts et puissants, mais j’ai compris, dans le temps que nous avons mis à détruire notre couple, qu’ils étaient d’une violence extrême, vers un but unique de dévastation et certainement pas de reconstruction.
Il a balayé toute marque de respect, maltraitant, opprimant, reniant cette femme que je devenais. Il a multiplié les infidélités de toutes sortes, ne se servant que de mon côté maternel pour assurer le théâtre de son existence. Pourquoi casser cette vie où finalement tout notre spectacle était dans l’apparence de la jolie maison, tenue par une belle femme, active et fantaisiste, investie auprès de ses enfants, eux-mêmes adorables têtes blondes, sortant assurément du lot ?!!!…
Couche de vernis après couche de vernis, tout s’est écaillé !
C'est étrange comme les aînés peuvent percevoir leurs
cadets.
Je me souviens d'un soir où son frère est venu nous voir et
nous a dit : de votre histoire, il n'en
ressortira que du mauvais, rien de bon ne peut vous conduire maintenant.
Un autre jour, ma soeur m'avait dit au détour de mon jardin,
dans un mois de mai naissant : elle est
morbide votre relation, pas du tout dans le sens de la construction mais plutôt
dans un élan de destruction, de mort.
Voilà, ce que nous avons renvoyé finalement à notre entourage pendant des années.
Et lorsque j’ai surpris dans le regard de mes enfants, cette même lueur de mépris qu’il pouvait avoir lorsqu’il me voyait vraiment, j’ai compris qu’il fallait que je parte vite, très vite.
Il ne reviendra pas plein de douceur et de paix. Il se détruira plutôt que de le faire. Il est orgueilleux et vaniteux, dans une toute puissance maladive. Il est dans son monde d’enfant qu’il n’a jamais su quitter, dans une croyance magique que sa seule volonté peut tout transformer.
Ce qu’il fait, il le défait, se plait-il à dire depuis si longtemps ! Comme un monde qui ne partirait que de lui et qu’il contrôlerait malgré la volonté d’autrui…
Et si, contre toute attente, il revenait plein de douceur et
de paix, que ferais-je alors ?
Je partirais en courant, plus vite que les
éclairs de nos cieux tourmentés de ce jour. C’est la seule aide que je pourrais
lui offrir : le laisser seul face à lui-même, qu’il ne dépende plus de mon
opinion mais de son seul jugement sur lui-même.
Et si un jour je vois que le père de mes enfants a trouvé en lui son propre avocat pour s’ouvrir à sa juste valeur, cela rajoutera au chemin de mon bonheur qui s’élargit sans cesse.
Mais, c’est en fait sans importance, puisque je suis maintenant sur ma propre voie…