Quand tout est devant !
Je me souviens avoir inscrit un jour sur le mur blanc du couloir en réfection, à l’aide d’un crayon à papier qui pouvait être gommé à tout moment : "la meilleure chose qu’un père puisse faire pour ses enfants, c’est d’aimer leur mère…"
C’était dans un cri de révolte, un sursaut de ligne de conduite, pour aller dans ce que je pensais de mieux pour mes trésors.
Je n’ai pas changé d’avis.
Je reste persuadée du bien fondé de l’amour envers l’autre pour construire à nos enfants cette rareté de se sentir eux.
Aujourd’hui, il a fait chaud. J’ai couru, j’ai lutté, j’ai regardé, j’ai retrouvé, j’ai accepté de réorganiser, pas tout à fait comme je le voulais, mais tellement dans le même sens que mon amour pour ces vies dont je suis responsable.
Etre aimé… Pierre de base à la construction d’une identité.
Trop aimé… Pierre bancale pour être confronté aux autres.
Pas assez aimé… Ricoché illusoire pour y croire tout de même.
Quelle est donc la juste mesure ?
Pour ma part, j’ai été aimée, chérie, mais presque à la limite du "trop".
Alors, j’ai cherché ensuite l’anti-thèse de cet amour. Les êtres donc je serais sûre qu’ils ne pourraient m’aimer, en tout cas à la hauteur de cet amour incommensurable que j’ai tant reçu.
Du haut de mes vingt ans, il n’était pas né l’homme qui pourrait alors me conduire au travers de ma vie. Et j’ai bien désigné l’apollon, séduisant et particulièrement bien fait, par qu’il m’engendre deux descendants sans faille. Et aussi assurément qu’inconsciemment, j’ai choisi celui le plus idiot, le plus envahi de tares impensables. Un non sens à mes valeurs profondes. L’inverse de ma philosophie intime.
Protégée alors que j’étais d’être alors certaine que personne d’autres que mes parents ne savaient m’aimer ainsi.
Je pense que le schéma de chacun est très différent. Et que mon fonctionnement n’est pas celui de tous.
Pourtant, il est intéressant de regarder ainsi l’amour que l’on reçoit lorsque l’on est tout petit.
Où est l’important ?
Etre aimé par deux parents ?
Etre aimé par deux parents qui s’aiment ?
Etre aimé par deux parents qui se sont profondément aimé à un moment et qui acceptent cette seule vérité pour le respect de leur continuité ?
Je sens que j’approche de vérités limpides.
La semaine prochaine, je tournerai encore une nouvelle page, épuisée de mon physique qui se réveille à tout instant à mon inconscient et qui n’en fait qu’à sa tête, m’obligeant à supporter des fatigues, des vides, des blancs ou des incompréhensions.
Et même si lasse, je suis heureuse de tenir la barre de mon navire qui n’en finit pas d’être étincelant.
Aimer, toujours, sans jamais, n’est-ce pas le meilleur de la vie ?
Ce soir, je vais m’endormir en sentant la douceur de mon existence me prendre et n’en faire qu’à sa tête de moi-même.