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Ruisseau de vie
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1 septembre 2006

Et puisque c'est vrai !...

BOURDON

 

Sous quelle étoile faut-il être né pour vivre, toute une vie durant, un grand amour ?

Ou n’est-ce pas plutôt l’alchimie de deux êtres qui se rencontrent qui engendre une telle durée ou une telle intensité ? Mais, qu’importe l’instant, la minute, l’heure, l’année ou le siècle, du moment que c’est une éternité dans la plus pure honnêteté.

Cette histoire que je vais vous raconter, je la connais depuis longtemps, elle m’a bercée toute une enfance, elle m’a forgée toute une adolescence, elle me conduit toujours dans ma vie d’adulte.

C’est pourtant dans un théâtre sombre qu’elle a commencé, entre guerre et terrils, sous larmes de souffrance et poussière noire.

L’un était orphelin de sa mère, ayant connu cette presque « icône » simplement deux ans. Lorsque les allemands étaient apparus, elle n’était déjà plus. Il s’est sauvé le jour du remariage de son père, mais il n’a pu échapper à cette nouvelle mère, somme toute très dévouée à son bien être, ne manquant de lui dorer les frites grasses du ch’nord, avec beurre pile et face sur crêpes épaisses.

L’autre avait couru ces années d’absence, où son père ne pouvait plus la protéger puisque officier prisonnier loin d’elle. Elle devait alors attendre des heures un quignon de pain pour nourrir son frère atteint d’une grande tare puisque handicapé moteur ! On le cachait, personne ne venait jamais à la maison de peur que l’on se raille de cet être si difforme. C’est étrange, je n’ai jamais remarqué son visage déformé, je ne me rappelle que de ses grands yeux, qui avaient des cils immenses, je voyais sans arrêt son sourire. Je me souviens aussi de son rire et de sa joie quand on venait faire les fous dans son fauteuil roulant, relent d’un équipement médical si pauvre, mais qu’importe le confort pour ces bestioles sans avenir.

Et puis, il y a eu un été. D’autres se sont enchaînés. Ou les ont rapprochés, comme attachés à une vie unique.

Sept ans de différence.

Une passion commune, que dis-je, des passions communes, la musique, les livres, l’amour, le partage, l’humanité, la vie…

Elle, elle avait un sourire inimaginable. Qui rayonnait jusque dans ses yeux. Son port de tête était celui d’une princesse, avec ses cheveux ramenés en chignon sur la nuque. Elle ressemblait à une star hollywoodienne ; et dans toute sa personne se dégageait une énergie de vaincre, une rage de vivre et de prendre le bonheur à bras le corps.

Lui, il avait un visage poupon, rond et doux, souligné par une jeune barbe, envahi par des yeux si bleus. On pourrait presque lui trouver une ressemblance avec un acteur américain bien célèbre (est-il donc possible que je ne connaisse pas tant que cela mes souches ?), mais avec cette même détermination qu’il ne pouvait que mettre en commun avec la belle.

Ils ont crapahuté sur les mêmes collines, se jurant de faire vivre au mieux tous ceux qui les entoureraient…

Lui, il allait la rejoindre à l’autre bout de la France.

Elle, elle le repoussait un peu, car la différence d’âge était presque dangereuse et certainement pas recevable par des parents de cet autre temps. Car elle était l’aînée et elle jouait l’impensable.

Mais ils sont allés dans le même sens, faisant naître tour à tour des bébés d’amour, les conduisant avec la même confiance et le même respect qu’ils avaient l’un pour l’autre.

Alors, lorsque j’ai entendue ma mère, me dire : j’ai eu des moments durs dans ma vie, mais j’ai eu un très, très grand bonheur : celui d’aimer ton père et ça, c’est un trésor de femme inestimable...

...je me suis sentie bien dans le sourire que j’offre aux anges, parce que j’ai raison d’y croire comme ils l’ont fait.

C’est le même chemin, la même foi.

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Commentaires
A
trop belle cette orchidée
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C
Très belle histoire. C'est de telles histoires qui donne l'espoir, un jour, de vivre réellement dans l'amour partagé. Mes parents aussi se sont aimés jusqu'à la disparition de mon père. Mais l'amour de ma mère pour lui est toujours présent, chaque jour elle se lève en pensant à lui et continue quelquefois à lui parler comme s'il était encore là. C'est beau l'amour...
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C
entendre sa mère dire combien elle a aimé son père est un merveilleux cadeau pour un enfant, cela, à tout âge... un amour parental partagé et exprimé, c'est le cocon soyeux d'une enfance... quelques soient les difficultés de la vie, c'est une grande chance...<br /> que cet arbre familial étende son souffle d'amour des racines aux branches... à toutes les générations présentes et à venir...
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A
les hommes ont beaucoup de mal à faire en matière d'amour ce qu'une femme trouve normal . Je connais peu de cas même en litterature , d'amour à la hauteur de celui d'une femme , car quand on dit soulever les montagnes , pour un amour un femme le fera , un homme se découragera rapidement , pas une femme , c'est là la grosse difference , il faut le dire .on peut quand même essayer d'egaler le maître non ?
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C
Je t'envie d'avoir connu le bonheur de naître dans une telle famille. Quand je pense à mes enfants, je me dis souvent :" N'oublies pas de leur construire des souvenirs". C'est deans ceux-ci que l'on trouve ensuite adulte, la force d'avancer !
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