Une souris à la Maison-Maugis
Dimanche automnale d’un mois d’août plus que frileux… Le temps est incertain, plus que douteux même, ralliant cependant des bleus vifs au milieu de gris foncés tourmentés et éclairés par d’imposants nuages blancs immaculés. On se serre dans la voiture de Papa (qui n’est pas en caoutchouc). Sur le trajet, pas si long que ça, on continue à refaire la bible version « Family déjantée », on rigole et on ne s’affole pas d’être déjà arrivé.
Le village est petit, tout en verdure et coloré comme un bonbon sucré, aux multiples briquettes rouges sur fond de toits pentus et tuilés noirs. La seule rue, certainement prénommée « Grande Rue Générale du Bourg », est barrée à la circulation pour laisser place à d’aucun qui a eu le courage de braver la pluie pour venir présenter des objets incongrus, inutiles ou de valeur, anciens et/ou attendrissants. On peut déguster du fromage local, en l’occurrence ce fameux Camembert, ou boire du thé avec un anglais exilé qui ne demande en contre partie qu’un peu de conversasion dans notre belle langue typique. Un peu plus loin, c’est une sorte de lutin qui tient un bric à brac invraisemblable, avec entre autres pièces rares, le radiateur électrique de Marie Antoinette (qui n’en a plus usage, paix à son âme…). Il brade des photos de l’Orne, des cendriers par douzaine et sans aucun intérêt, des vêtements usagers mais dont il n’a pas le cœur de les mettre à la décharge du coin, ça peut toujours être utile. Il taxe un clop, échange une plaisanterie ou deux. Veut bien me donner voire lui-même m’acheter un vase à lui, cassé par une pimbêche qui ne s’est même pas excusée…
Plus loin, entre deux averses, on déniche un ours en peluche
au regard particulièrement doux, une assiette très « kitch » pour que
je l’accroche dans mon entrée, des coquetiers comme ceux que nous avions rue de
Et nous voilà, rentrant bien contents de toutes nos menues affaires et nous arrêtant bien deux bonnes heures à cueillir dans un endroit étonnant quelques tonnes de mûres bien juteuses. On en a été bon pour moult égratignures, les doigts noirs et les lèvres violettes (pour ceûsses qui se sont trop attardés à goûter l’arôme si fin de cette baie sauvage), des avalanches de rigolades, surtout quand le petit Tom s’est emberlificoté les pieds dans les ronces, renversants au passage l’énorme seau de fruits et faisant rouspéter Papi. Quelques roulades dans le champ et nous avons capitulé, il fallait tout de même rentrer au bercail.
A la maison, douche rapide pour les petits monstres, rangements des trésors marchandés avec nettoyage du fameux vase. Bizarre : en y mettant de l’eau, des bouts noirâtres remontent à la surface et dans le fond, il semble rester quelque chose de plus épais encore. Décision est prise d’y mettre de l’eau très chaude et de laisser mariner le tout au moins toute la nuit.
Ce matin, au réveil, vidage de l’élixir et surprise : rien ne coule. Cette masse sombre desséchée au fond, n’était autre qu’une souris morte qui s’était réhydratée dans le laps de temps nocturne et ne pouvait plus franchir l’ouverture du vase !
Beurk, s’est écrié ma mère ! Je comprends maintenant pourquoi j’ai payé si peu cher ce truc.
En conclusion, mon père décide de mettre un peu de soude pour finir d’éradiquer la pauvre bestiole morte depuis longtemps et le mélange eau+soude=éclatage du verre.
Fini le joli vase pas cher du tout, paix à son âme (ainsi qu’à celle de la souris…)