Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ruisseau de vie
Ruisseau de vie
Publicité
Archives
2 août 2008

Dormir

FLAMME

La foule en délire atteignait les sommets de la jouissance populaire. Elle vociférait, hurlait, scandait des mots sans aucun sens, sorte de borborygmes, expression brute de l’énergie qui se dégageait d’elle.

Il faut dire que le spectacle auquel elle assistait, dépassait tout entendement, allant bien au-delà de ses espoirs inconscients. Et il durait, durait, durait, ce spectacle depuis des semaines…

Sur le ring, le combat était comme un être vivant. Il avait commencé simplement, avec respect des règles basiques de l’affrontement, du conflit. Et au fur et à mesure des jours (je le dis bien : cela fait de semaines que cela continuait, continuait), l’évolution avait amené cette lutte à s’organiser autour de ses propres lois, mouvantes, inconstantes, incohérentes, gardant le même cap : celui de produire sur l’assistance concentrée le plaisir de consommer de la pure violence.

Tous les ingrédients étaient réunis pour prodiguer un spectacle d’excellence, pourquoi alors cela aurait du s’arrêter ? Quelle morale aurait bien pu exiger la fin ?!!!

Car dans l’arène, on pouvait tout voir, tout prendre des scènes qui se succédaient : du corps à corps, des coups de point violents faisant jaillir le sang, des plaies se formant et s’ouvrant béantes après des coups de pieds forcenés, tout cela accompagnés de cris, de souffles exprimés du font des tripes, et puis des larmes, aussi des paroles pour essayer de contrecarrer les assauts et, je vais vous étonner, une pointe de sexe, si, si !!! Ca fait partie du truc, étonnant, non ?

Voilà en bref, très bref le tableau dressé.

 

Et puis tout à coup, la foule est devenue silencieuse.

Le pugila venait de s’interrompre abruptement.

Murmures bizarres qui parcourent les gens, chacun retient sa respiration, si dit « mais non, ça ne peut pas s’arrêter comme ça, pour qui nous prend-on ? (etc.) »…

Il fallait pourtant se rendre à l’évidence.

L’un des deux camps venait de se laisser choir sur le tapis et ne se relevait pas.

Mais, j’ai oublié quelque chose dans ma description : qui dit combat dit « deux adversaires ». Ce qui rendait ce combat plus que singulier était qu’un deux antagoniste était seul, l’autre était bourré de monde. Un contre tous. Tous contre l’un…

 

Donc, le guerrier solitaire était allongé. Il n’y avait que l’assistance qui l’avait vu, car dans l’autre camp, ça bougeait toujours autant, c’était entre eux qu’ils continuaient à se « chamailler ».

 

Rapprochons maintenant notre caméra du corps étendu. Mettons en marche notre micro pour écouter ses pensées…

 

Fatiguée… Je suis si fatiguée. Il faut que je dorme. J’ai besoin de sommeil. Je dois donner à mon corps la nourriture qu’il souhaite pour partir d’ici. Ce n’est pas ma guerre. Je dois enfin me protéger pour vivre. Trop de souffrance, et je viens de comprendre que, comme tout le monde, je n’aime pas avoir mal.

J’arrête tout ce qui me fait mal. Je meurs à cet instant et c’est sur ma carcasse d’avant qu’ils vont tous se déchaîner. Sur le vide, en somme !

Moi, je m’évade, j’ai creusé un trou depuis des semaines, et je pars dans le courant de ma vie qui a des sentiers verdoyants, des directions simples et douces.

Je suis utile à ceux qui m’aiment.

Inutile à ce que je dérange.

 

Je reviens à ma réalité de maintenant :

Je suis allée faire quelques courses, de quoi tenir jusqu’à la fin du mois. Parce qu’en regardant mes comptes, c’est déjà pas du tout brillant en ce début d’août. Enfin, bon, les factures sont payées. C’est déjà ça.

Et puis pendant 15 jours, les enfants sont chez leur père. J’irai manger à la cantoche du boulot et le soir, je boirai un peu de vodka pour dire que j’ai quelque chose dans le ventre.

Tout ce w-e, je vais me laisser porter par le temps. Je pense qu’après avoir poster ce billet, j’irai dans mon lit avec mon ordinateur pour regarder un film et je me laisserai dormir.

Demain, si j’ai retrouvé un peu de force je rangerai mes papiers. Mais si ce n’est pas fait à ce moment, ça se fera quand cela doit se faire.

Pas de contrainte. Que de la bienveillance à mon égard, beaucoup de soin pour ma personne, meurtrie que je suis.

Du repos. Dans tout ce que je fais et entreprends.

 

J’accepte. Je m’accepte fatiguée, si fatiguée…

Je suis vivante et libre.

Alors je ferme les yeux, juste pour dormir.

Du sommeil du juste.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité