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Ruisseau de vie
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20 mai 2010

4 - Les 1000 et 1 piqûres

La petite fille fût donc emmenée auprès de grands médecins à l’hôpital des enfants de Paris pour que l’on soigne ces crises sifflantes et étouffantes. Parce qu’il ne fallait surtout pas que la maladie progresse. Comme si ! Et là, je fais une parenthèse sur un point de vue tout à fait personnel. Car n’aurait-il pas été possible de dire à ces parents que l’asthme est une maladie chronique qui chez le jeune enfant s’estompe avec l’arrivée de l’âge adulte. Aurait-il alors été question que la petite fille ne grandisse pas ? La maintenir dans cet état, c’était sûrement le meilleur moyen pour qu’elle restât enfant, non ?!!!

En tout cas, les parents faisaient de leur mieux, j’en suis convaincue, et avaient même un sacré courage que de regarder les médecins, internes et infirmières en blouse blanche, dégainer des seringues et des seringues pour, en SOUS CUTANE, injecter la batterie ménagère qui pourraient mettre une étiquette sur tous les éternuements, larmes de yeux rouges, sifflements de poumon ne sachant plus fonctionner. Il faut s’imaginer la scène : deux minuscules avant-bras en prolongement de la petite fille, tendus, quadrillés puis défrichés, labourés et plantés. On n’avait plus qu’à attendre la récolte pour aller cuisiner avec la batterie de cuisine ! A la vérité, on avait appelé ces séances de recherche des allergènes, l’exposition à la batterie de tests… Tout simplement. Et puis c’est une autre façon de raconter la situation, pour oublier les odeurs d’éther et de Javel, toutes ces blouses blanches qui touchent, manipulent, piquent et repiquent. Une fois qu’on avait mis tous les poisons sous la peau, on attendait. Les parents se congratulaient d’avoir tenu le choc. La petite fille sentait la tête qui lui tournait, les bras qui devenaient lourds, plein de démangeaisons, brûlants ou zigzagant. On voyait bien qu’elle n’était pas bien. On lui amenait alors un sucre avec de la menthe dessus. Enfin, l’attente s’arrêta et un des médecins brandit fièrement une longue, longue, longue liste…

- « En synthétique, votre petite fille est allergique à presque tout : poils de lapin, graminées, pollens, moisissure n° 1-23BKTrucmuche à la n°12000000000000000, et blablabla et blablabla et blablabla… pour finir malheureusement pour vous, chère Madame qui aimez tant les chats : AU POIL DE CHAT »

 

Là, il y eut un grand blanc. Maman n’avait pas du tout pensé à cela. Le docteur l’avait interpelé tout particulièrement car avant les tests, la petite fille l’avait entendu poser tout un tas de question sur la maison, ses habitants, les habitudes de la famille, ce qu’ils mangeaient… Alors cette maman qui n’était en fait plus vraiment maître de quoi que ce soit, décida de contrôler cela. Ses chats, elle les garderait et en plus, la petite fille s’en guérirait aussi. Voilà. C’était dit, à faire et à démontrer. Bien des années plus tard, je peux vous dire que la petite fille ne regrette vraiment pas cette folle décision ! Elle vit au milieu de boules de poils toutes plus touffues les unes des autres.

 

 

 

C’est bizarre, j’ai du, pendant un certain temps, arrêter d’écrire l’histoire de cette petite fille. Déménagement oblige et aujourd’hui, je décide de la reprendre. Mais je m’aperçois que ma lecture de son passé a encore changé. Sans doute parce que je sais ouvertement que certains yeux me lisent. Et du coup, quelque chose me met mal à l’aise. Je me trouve emprisonnée dans le non-dit. Bien sûr, j’écris ici mais je ne le parle pas, mes mots ne sont entendus, ils sont juste décryptés. Et je n’imagine pas vraiment de la bienveillance. Etonnant d’ailleurs que je n’ai pas encore reçu de commentaires acerbes visant à me juger non à me lire… tout simplement !

 

Mais ce que j’ai commencé à écrire, je vais le continuer ; car en tout « évidence », c’est pertinent tout ce que je déterre. C’est vraiment difficile de faire resurgir tout cela, mais c’est tellement utile. J’ai l’impression de sortir de ma vieille peau de lézard, d’être en pleine mutation…

Même si c’est douloureux, c’est immense, je sors de ma chrysalide…

N’est-ce pas Catherine ? Car vous êtes une personne que j’aimerais vous savoir me lisant. Mais en même temps, cela ne vous servirait qu’à peu… Car vous avez une réelle confiance en moi et vous savez qui je suis et vous m’appréciez ainsi.

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