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Ruisseau de vie
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21 mai 2010

3 - Les mille et 1 piqûres

L’étonnant dans tout cela, restaient ces souvenirs plein de Papa, sans trop de Maman… A croire que les histoires se répètent, sans forcément s’inverser. Au risque de ne pas dire l’acceptable, j’ai bien envie d’écrire l’offensable… Il y a aussi une autre histoire, dans un autre espace temps, d’une petite fille, qui reçut beaucoup de piqûres. Des très douloureuses cette fois-ci, car longues, profondes et tellement radicales. Une guerre contre une Grave Grave Grave Maladie, pour ne pas dire, Tragédie, et j’en suis persuadée. Mais c’est et je n’en doute pas, un autre chapitre à une autre histoire. En tout cas, cette petite fille, avec tant et tant et tant de piqûres, a gravi les marches de la guérison aux bras de son Papa, pas forcément de sa maman… Bien que cela, ben ça non plus, je ne le sais pas.

 

Bref…

Dans le hall de gare immentissime, devant la peur soudaine de cette enfant face à la population incessante, Papa avait plié, avait décidé, avait accepté d’acheter une confiserie à son petit cœur. Elle avait fièrement pointé du doigt l’orange et non le citron, salivant par avance de son goût acidulé. Dans sa petite main, le bonbon paraissait immense. Bien qu’il se divisait en une multitude de quartiers… Elle avait ouvert délicatement le papier cellophane, pour déposer succinctement un seul quartier (qui déjà envahissait totalement sa petite bouche) et le dégustait longuement… Le temps d’un retour par un direct Paris-la-ville-où-elle-habitait.

 

Elle avait poussé fièrement la porte de la maison, pour s’assoir à table, car c’était déjà l’heure du déjeuner. Maman avait préparé une purée à la carotte… La hantise de la petite fille ! Elle détestait ce plat ! Trop rose, trop doux, trop granuleux à son palet si fin. Mais elle n’en disait rien. Juste qu’elle détestait la purée, même si elle était de fabrication maison et donc pour cela, forcément bonne, au risque de la manger sur les marches de l’arrière cuisine en y fourrant les bouts de rosbifs saignant, qu’il fallait bien manger pour prendre des forces et guérir… Car dans cette famille là, on mangeait, Monsieur, on mangeait, mais on ne guérissait pas.

 

En guise d’expérimentation culinaire, elle avait d’ailleurs essayé le « sans sel ». Car on sait que le sel ne fait pas bon ménage avec certaines molécules chimiques, celles qui sont rétentrices d’eau, qui fond gonfler, sans grossir totalement et qui nous rendent comme des ballons prêts à exploser… L’autre petite fille, d’ailleurs, a eu son lot de rétention, et quémandait à qui mieux mieux un croc monsieur pour avoir sa ration salée, son lot de plaisir gustatif.

Cette petite fille acceptait de manger son pain blanc sans sel, ses œufs au plat sans sel, ses steaks sans sel. Papa avait un truc indéniable : le romarin. Elle adorait tout particulièrement quand il faisait cuir un bout de viande qu’il en parsemait de l’herbe croquante et la rangeait entre deux tranches de pain beurré (pain et beurre sans sel, évidemment).

 

Je crois qu’au milieu de toutes ces piqûres, la petite fille avait développé un fabuleux goût pour les minuscules plaisirs. Et plus ils étaient succincts, voire infinitésimaux (houhahou quel mot !!!), plus elle en faisait son régal. Des années plus tard, un jeune garçon lui dit d’ailleurs qu’elle savait faire d’un citron des litres de limonades.

 

Mais que voulez-vous faire à part justement transformer les jours qui passent, qui sont presque tous piqués une fois à trois fois par semaine, en du miel, de la douceur, de la couleur et du plaisir.

 

Mais j’ai comme l’impression de m’être tout à fait égarée au milieu de cette déferlante de souvenirs… Où en étais-je ?

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