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Ruisseau de vie
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5 octobre 2014

Aux portes de ma vie...

J’ai repris possession de ce blog lorsque j’ai écrit cette lettre à D.

Je savais que ce serait ma deuxième publication de l’année 2014. Elle l’est.

Ce que je dis, je le fais. Cela a toujours été ainsi.

Et puis, les jours passant, je sens que ma vie se dessine dans tous ces écrits commencés, conclus, inachevés, encore en gestation.

L’écriture m’offre toute cette énergie pour conter, mettre en scène les histoires de mon vécu, avec cette envie toujours intacte de partager, sachant être unique mais dans la multitude de tout ce qui est.

A cet instant, mon esprit est épuisé, fatigué, fragile et tellement encore près à se mettre en danger. Mais j’ai confiance.

De plus en plus. Enfin !

David___la_porte_de_ma_vie4

 

Quand je t’ai rencontré, j’ai trouvé une terre de vie.

Tu m’as reconnue et je t’ai reconnue.

Nous avons alors construit notre ensemble avec de l’amour, beaucoup d’amour.

Tu m’as rendue belle.

Je t’ai vu déjà si beau.

Je t’ai soutenu, accompagné, soigné dans ta maladie de dos, presque comme une mère. Mais tu as toujours su être mon Homme en continuant à me chérir, me séduire et en m’aimant profondément.

Puis j’ai pris mon envol vers une dure contrée qui était certainement le dernier chapitre de mon histoire à l’hôpital : les Archives.

J’ai redoublé d’intensité pour créer, monter un projet d’une envergure colossale que j’ai menée au bout de mes limites. Jusqu’au jour où un éclat s’est glissé dans mon intérieur profond, tellement opprimé que tout a volé en éclat. C’était un vendredi, le 8 février 2014.

Je suis alors entrée dans un long tunnel et j’en ai eu une telle conscience que je l’ai reniée jusqu’à cet été.

Car tout ce temps, tu as été là, protecteur, guérisseur, aimant, attentif, sécurisant.

Pourtant, tu menais toi-même un vol personnel pour concrétiser et montrer à tous ceux qui ne le voyaient pas qui tu es et quelle force t’habite. Un jury t’a dit t’avoir remis ton diplôme car tu le méritais ! C’est dire…

Au printemps de cette année, tu es revenu te poser dans notre nid. Je m’y étais installée un peu plus qu’avant pour vivre ma maladie ou me protéger d’elle vraisemblablement.

Alors tu as pensé, comme moi d’ailleurs, que tu pouvais travailler dans ce lieu. Et comme je sentais que je pouvais t’être utile et surtout que ton projet était génial, puisque tu l’es, je t’ai offert tout de moi pour que tu ais encore plus de ressources.

Mais je n’ai pas pris garde que tout doucement, sans même que ni l’un ni l’autre ne s’en aperçoive, mon espace, ma terre matérielle se réduisait inexorablement.

Je faisais de moins en moins de vélo car trop de choses autour, sur… Je passais de plus en plus de temps sur mon ordinateur.

Puis les enfants sont arrivés pour trois semaines auprès de leur mère, car cela est légitime.

Tout le balcon a été occupé par ton entreprise ; le salon était surchargé de cartons en même temps que l’entrée.

Il me restait la cuisine, ne pouvant même pas trouver un peu de calme dans la chambre où le bruit se trouvait pour moi devenu assourdissant.

La table de Vanessa m’a donnée quelques répits.

Mais avant elle, tu avais sans le vouloir fait à nouveau exploser ma faible carapace que je m’étais reconstruite durant ces 18 mois, en me bousculant ce matin d’août. Et là, l’ouverture s’est faite tellement plus grande qu’à l’initiale : elle a été béante et 48 ans de silence et d’oppression sont remontés à la surface…

Rien pour arrêter la vague déferlante.

En suivant, mon espace, ma terre de vie matérielle sont devenus de plus en plus minuscules. D’autant que mes enfants me regardaient terrorisés, de peur que je ne les abandonne comme l’a fait leur père depuis…

C’est mon instinct de survie mêlée à celui de mère qui a fait le reste.

Alors, je t’ai demandé de partir.

Oui, je t’ai chassé, je t’ai mis à la porte.

Mais en même temps, je me suis exilée de notre terre de cœur, celle que nous avons depuis que nous nous connaissons, te laissant seul, t’abandonnant, au risque que tu me déclares « déserteur ».

Et puis j’ai si peur qu’il t’arrive quelque chose et que je ne sois pas là pour te soutenir, que ton corps décide à ta place ou que ton cerveau te dicte la pire des choses. Je survivrais bien sûr si tu disparaissais, mais alors ce gouffre que j’entrevois parfois, deviendrait mon habitacle et la fin de ma terre promise.

Voilà pourquoi je souffre et je pleure tant.

C’est vrai que mes enfants sont à nouveau rassurés. Mais ils n’ont pas gagné pour autant. Car quel enfant serait victorieux de voir pleurer sa mère qui a choisi de se couper d’une partie de son cœur pour continuer à les élever ?

Aujourd’hui, la seule et énorme peur que j’ai, c’est de ne plus pouvoir revenir sur notre terre et que tu décides à jamais de fermer les frontières.

J’apprends tout doucement à vivre sur mon île et je la découvre aussi immense. C’est inquiétant mais c’est aussi nouveau et tellement riche de m’apercevoir que mon archipel est magnifique. Je veux te le montrer si tu l’acceptes.

Et j’espère de toute mon âme que tu me feras explorer le tien.

Nous pourrons alors retourner nous reposer sur notre terre intime et uniquement pour nous deux.

Le voudras-tu ?

 

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Commentaires
D
Bien sur que oui mon amour ...je t'aime tellement tu sais ...
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