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Ruisseau de vie
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18 mars 2009

C'est possible...

Il y a eu un moment, il y a quelques jours de cela, (ou était-ce il y a un millénaire ?... allez savoir, distorsion de la notion du temps) où je vivais dans un minuscule refuge, en haut d’une montagne, à la tombée de la nuit, avec une tempête ne me permettant que de rester immobile dans mon abris. Impossible de sortir sous peine de se faire fracasser par les vents violents tournoyant de neige ; seul possible à faire : rester là, blottie dans la neige, comptant les heures au déclin du jour pour comprendre qu’il en restait de bien longues avant le retour du soleil.

Dans ces instants difficiles, pourtant emprunts d’une éternité bien longue, ma tourmente à moi n’était pas de lutter contre les évènements extérieurs, mais bien de continuer à croire en ma force intérieure, même si le déroulement de cette épreuve pouvait alors conduire mon corps à s’endormir, à se laisser aller dans la chaleur de la mort, puisque sans ressource pour que l’organisme continue à se battre. Et ma terreur était là, dans un cris de révolte incommensurable : JE NE VEUX PAS MOURIR MAIS JE NE POURRAI PEUT-ETRE PAS DECIDER DE FAIRE AUTREMENT…

 

Et puis il y a le cours de la vie qui rattrape les rêveries cauchemardesques, et qui ramène à la réalité : l’annonce de l’accident de moto d’une collègue de travail que j’apprécie tout particulièrement. Et miracle, malgré un 12 tonne conduit par un type qui n’avait plus que quelques gouttes de sang dans son alcool, malgré le vol immense et la rambarde alentours, elle et son frère n’ont rien eu de cassé. Certes, ils ont été mâchés par la violence du choc, sont bleus de la tête au pied, avec des nez tout rouge, des yeux tout beurre noir, des langues douloureuses d’avoir été mordue dans le vol plané… Mais ils sont vivants et repartiront travailler et vivre normalement dès que le traumatisme se sera un peu adouci.

Après la nouvelle de ce drame, la discussion a porté sur le « jusqueboutisme », les limites toujours repoussées pour se prouver que l’on existe, la tolérance des galères à répétition pour dire qu’on sait s’en sortir et surtout, ces mots : Dire stop, c’est accepter qu’inconsciemment on ne veut pas se donner les moyens de faire autrement car cela nous plait, s’arrêter et changer, c’est se donner les moyens de vivre réellement avec toutes ces ressources, quelles qu’elles soient…

 

Alors mardi matin, j’ai traversé le hall du Tribunal en direction du bureau des greffes… Quelques mots échangés à l’accueil, une invitation à venir m’asseoir devant un bureau à la porte à gauche et… « oui, ce que vous me demandez, c’est possible, montrez moi le papier, là, que vous avez en main. Il ne m’en faut pas plus pour vous donner le certificat. »

J’ai alors eu une pensée immense pour mon amie Laurence… Elle m’avait expliqué qu’elle avait lutté pendant des mois, qu’elle avait encaisser des millions de coups, qu’elle avait traversé des déserts de souffrance, et que jour après jour, elle prenait toutes les « emmerdes » presque philosophiquement, du style « ça doit m’arriver, alors je prends ». Et puis un matin, dans un magasin quelconque, alors qu’elle allait sans conviction changer un article, on lui répondit que c’était possible. Dans un premier temps, elle ne percuta pas, reprenant son sac pour repartir, puis se rendit compte qu’elle n’avait pas compris la réponse qui pour une fois depuis tant de temps était positive. C’était possible et surtout facile.

 

Alors mardi matin, quand j’ai fait une relecture de ma situation avec simplicité et facilité, toutes les pièces du puzzle se sont remises en place. Et l’avalanche qui a suivi a été nette, claire, limpide vraiment tellement facile.

 

Alors pourquoi avoir attendu tant de temps : car il faut laisser du temps au temps, pour qu’il mûrisse et nous mûrisse, pour qu’il nous refaçonne et nous redimensionne, pour qu’il redevienne un véritable miroir de nos véritables forces.

 

Peu après, je me suis assise au soleil, sous un arbre et j’ai dégusté ces premières heures de printemps.

Le soir en s'endormant, Tom m'a dit : tu semblais toute seule à la sortie de l'école tout à l'heure, mais tu souriais tellement que j'ai su que tu allais bien...

C'est tout le bonheur que je me souhaite : la tranquillité de mes trésors.

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